AimeTaVille, par Philippe DRUON, urbaniste

TRANSITION

Le 11 octobre dernier, le CPIE a signé le Contrat de Transition Écologique de la Communauté Urbaine d’Arras : « Grand Arras en TETE », Territoire Exemplaire de la Transition Écologique. Il y avait le secrétaire d’État Sébastien Lecornu, en charge de la transition et désormais ministre auprès de Jacqueline Gourault, récemment nommée Ministre de la Cohésion des Territoires et des Relations avec les Collectivités Locales.

En signant cette convention, le CPIE s’engage à contribuer, aux côtés de la CUA, à travailler à :

  • la promotion des énergies renouvelables,

  • au développement des mobilités intelligentes,

  • l’économie circulaire et l’engagement sociétal des entreprises,

  • l’efficacité énergétique des bâtiments,

  • la protection des ressources naturelles et de la biodiversité.

Dans son discours, Sébastien Lecornu a rendu un hommage sincère et émouvant à Philippe Rapeneau, artisan convaincu de cette démarche qui vise à mettre le « territoire en transition ».

Étymologiquement, transition signifie : aller à travers (trans ire). Comme souvent, revenir à l’origine des mots est éclairante. La transition nous invite en effet à aller sur une autre trajectoire, après un « passage ».

Dans le film très pédagogique de Charlie Chaplin, « Les Temps Modernes », l’ouvrier incarné par le réalisateur lui-même, serre des boulons à longueur de journée dans une usine de mécanique aux machines inquiétantes. Il s’ensuit un tic lié au geste qu’il pratique sans arrêt. Quand il sort de l’usine, chaque vision d’un boulon lui provoque une irrésistible envie de « serrer les boulons ». Ce n’est que après une sorte de transe qu’il retrouve la paix et une attitude normale. Je m’aperçois que transe et transition ont la même racine, désignant le passage d’un état à un autre. Aller vers la transition est nécessaire et il faut remercier les artisans de cette démarche.

Nous n’aurons un jour plus de pétrole – c’est une question de dizaines d’années - , nous serons bientôt 10 milliards d’habitants (nous n’étions que 1,7 milliards en 1900 !) ; enfin, une nouvelle économie basée sur le recyclage des matières, sur la coopération plutôt que la compétition, et sur la fonction et l’usage plutôt que la propriété, apparaîtra un jour et le plus vite sera le mieux. Car jusqu’à présent, nous avons consommé les énergies et les ressources, dans un objectif de réussite plus individuelle que collective.

Les signes du changement sont évidents : De nouvelles pratiques d’usages et de consommations apparaissent tous les jours, encourageantes pour certains, incroyables pour d’autres. Pourrons-nous changer d’état et de comportement sans la transe que nous décrivait dans son film Charlie Chaplin ?


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