Les pistes cyclables et autres parcs urbains sont très « tendance ». Mais plus seulement pour des raisons liées à l'écologie. Ces aménagements permettent aussi de faire baisser le taux de maladies cardiovasculaires et même de troubles dépressifs dans une ville ou un quartier. Et si, avec les architectes urbanistes, la ville de demain était aussi l'affaire des médecins ? Comme l'explique le Suisse Marcos Weil, un architecte-urbaniste très sensibilisé sur la question sanitaire, « la qualité de vie est au cœur de nos préoccupations. Mais cette thématique de santé est implicite, comme cachée derrière les aspects environnementaux. Et le fait d'en parler ouvertement permettrait peut-être de placer encore davantage l'individu au centre de toute stratégie, en lieu et place d'éléments très techniques comme la mesure de la qualité de l'air... ». Et ce, d'autant plus que les preuves scientifiques s'accumulent pour mettre en évidence l'impact santé des choix urbanistiques. Quelques exemples ? La pollution, c'est plus de 300.000 années de vies perdues, chaque année en France. Cette statistique de l'OCDE évalue le nombre d'années d'espérance de vie perdues du fait d'un décès prématuré, avant 65 ans.
Moins de dépression près des parcs ?
Saviez-vous, par exemple, que l'accès immédiat depuis son domicile, à un espace vert était bénéfique sur le plan mental ? Ce constat a été réalisé en 2009 auprès de 350.000 Néerlandais. Résultat : la fréquence des troubles dépressifs serait plus faible parmi les populations qui habitent à moins d'un kilomètre d'un parc ou d'un jardin public ! La ville idéale serait donc à la fois compacte mais aussi aérée, riche en espaces verts et traversée de toutes parts de voies piétonnes et de pistes cyclables. « Depuis plusieurs années, effectivement, les études se multiplient », explique le Pr Hugh Barton, professeur d'urbanisme à l'University of West England (Bristol) et auteur du guide « Urbanisme et Santé », réalisé en 2000 pour le compte de l'Organisation mondiale de la santé. « Mais d'une manière générale, elles ne sont guère suivies d'effets même si quelques villes se distinguent ».
Vive le vélo !
Il cite Kuopio (Finlande), Fribourg (Allemagne), Glasgow (Écosse), Plymouth (Angleterre) et bien sûr Copenhague (Danemark). En avril 2014, une étude publiée par la Commission économique pour l'Europe des Nations Unies et le Bureau régional de l'OMS pour l'Europe a encore montré que 10.000 vies pourraient être épargnées chaque année si les grandes villes du continent se mettaient au niveau de la capitale danoise, où 45 % de la population enfourche chaque jour son vélo sur une partie des 300 km de pistes cyclables.
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