Au moment où j’écris ce texte, Cyril Dion est l’invité de France-Inter, à l’occasion de la sortie de son livre « Petit manuel de résistance contemporaine ». Cyril Dion a acquis sa notoriété par sa présence comme acteur principal du film « Demain », film très positif dans lequel, aux côtés de Mélanie Laurent, il montrait que des pays et des hommes avaient trouvé des solutions dans les 5 grands domaines que sont : l’agriculture, l’énergie, l’économie, la démocratie et l’éducation… Ce film a dépassé rapidement le million d’entrées grâce au réseau : de nombreuses associations se sont en effet auto-saisies du sujet et ont organisé des séances-débats sur les thèmes évoqués par le film.
Dans la présentation de son livre, Cyril exprime les résistances au changement : la plupart des citoyens ressent, avec plus ou moins de convictions, la nécessité d’un changement mais le changement des comportements est long à venir. En effet, dans le même temps, nos comportements consuméristes persistent ou sont même amplifiés dans certains domaines : nous passons désormais en moyenne 8 heures par jour devant un écran (télé, ordi ou portable). Sur les réseaux sociaux, il y a bien plus de « like » pour une célébrité futile que pour des « post » proposant des réflexions sociétales. Nous continuons à manger de la viande et du poisson à chaque repas, y compris dans les cantines scolaires, bien que l’on sache le côté déraisonnable de cette pratique. Dans le domaine des transports, les voyages en avion continuent de progresser alors que pour des moyens trajets, le réseau ferré à grande vitesse est infiniment plus écologique.
Pour changer les choses, ce cofondateur, avec Pierre Rabhi, du mouvement des colibris, fait une proposition et un constat :
La proposition, c’est qu’on accorde plus de place au récit, c’est à dire : à l’explication des situations antérieures et des scénarii futurs probables. Il faut oser dire les choses et annoncer les enjeux. Tout ce qu’on dit les écologistes depuis les années 1970 s’est en effet révélé exact et prémonitoire.
Le constat, c’est que, de tous temps, dans les démocraties, les gouvernements se sont adaptés à la vindicte populaire. Ce que le citoyen veut, les édiles finissent par y accéder. Répondant à une remarque d’une auditrice marseillaise citant un projet de 2x2 voies voitures devant les calanques, il affirme que si le pouvoir citoyen est fort et organisé, le projet de voie vélo peut voir le jour.
« La marmite, elle bout toujours pas le bas » dit un proverbe irlandais. Ce dicton populaire exprime avec clarté la réalité et la force des citoyens dans la capacité à réformer la société. Beaucoup de sujets, impensables antérieurement, ont trouvé un aboutissement grâce au bon sens populaire : le taux de remplissage des aires de covoiturage est un bon indicateur de cet auto-saisissement !