La défiance à l’égard de la classe politique grandit, mais les Français ne se désintéressent pas pour autant des débats de la cité. Un renversement du modèle politique traditionnel…
Selon un sondage exclusif d'Opinion Way pour «20 Minutes», 74% des Français pensent que « les idées doivent venir des citoyens pour aider les élus à agir et décider» et 24% des personnes interrogées pensent que les « idées doivent venir des élus dont le rôle est d’avoir une vision et de convaincre les citoyens ». C’est à dire l'inverse... Cette enquête montre que le modèle classique a vécu : « La société a dans l’ensemble un désir de changement. On attend de l’élu qu’il soit plus à l’écoute des citoyens. C’est un signe d’évolution de la démocratie vers un aspect contributif. Les citoyens sont à la fois dans une critique du pouvoir et dans une volonté de participation », dit l’article paru dans « 20minutes ».
L’étude met en évidence aussi des difficultés à dialoguer directement avec les élus, avec les réseaux sociaux par exemple : 59 % des Français n’ont pas agi car ils estiment que leur sentiment ne serait pas pris en compte, car les acteurs ne sont pas dans une posture de dialogue. Signe de transition de la société, 23 % des Français pensent avoir une influence forte grâce aux blogs, forums, plateformes collaboratives et réseaux sociaux, avec une vraie différence entre les plus jeunes et les plus vieux (moins de 35 ans : 36 %, 50 ans et plus : 13 %).
Les commentaires par des lecteurs du journal à la suite de cette étude sont eux-mêmes éclairants :
Il y a deux postures pour l’élu, note l’un d’entre eux : celle de l’élu fort de son mandat confié par le citoyen qui estime avoir les mains libres entre deux élections ou celui qui pense qu’il doit pratiquer un processus permanent de véritable démocratie directe.
N’y-a-t-il pas un risque à confier la gouvernance à des citoyens au comportement instable et versatile ? Ne risque-t-on pas une montée des sectarismes ou des extrémismes ? La démocratie représentative n’est-elle pas un gage de sécurité ? Mais la pratique de la démocratie directe, dans son côté formateur et éducateur, n’est-elle pas le garant de ces déviances, comme cela a été le cas pour les référendums directs en Suisse ?
La « République » n’oblige-t-elle pas automatiquement, par définition (Res Publica = Chose publique), l’implication des habitants, voire leur participation directe aux affaires ?
On le voit, les temps changent : les citoyens, pour la plupart, veulent : pour beaucoup se saisir des affaires qui les concernent ; et pour la plupart avoir leur mot à dire. Remarquons d’ailleurs qu’en France, les changements se font plus par révolution que progressivement et par anticipation. 1789, Mai 68 ou les grandes grèves ont modifié grandement le paysage de la démocratie française. Cette volonté d’un « nouveau pouvoir d’agir » du citoyen sera-t-elle satisfaite par un processus d’en-powerment rendu possible par les élus au titre d’une nouvelle pratique de la démocratie représentative ou par une prise de pouvoir directe par l’habitant des quartiers en mal de reconnaissance ?
Vous aurez remarqué que le sondage met l’habitant dans une attitude de collaboration avec les décideurs : « les idées doivent venir des citoyens pour aider les élus à agir et décider ».
Le CPIE pratique les démarches participatives et l’écoute des habitants. Il pense ainsi contribuer à l’instauration d’un dialogue entre citoyens et collectivités.
*Sondage réalisé en ligne sur un échantillon de 1.004 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus selon la méthode des quotas le 25 et 26 août 2015. Retrouvez le sondage par ici.