Le président de l’Union Nationale des CPIE, Dominique LARUE nous a transmis très récemment une lettre intitulée « Où est le pouvoir d’agir ?».
Revenant sur le récent départ de Nicolas Hulot, il rappelait la solitude du Ministre face aux impératifs liés à l’urgence environnementale. Il disait « les limites d’un raisonnement qui consisterait à penser la transition écologique comme la seule résultante des décisions politiques prises au plus haut de l’Etat ».
Il reprenait ainsi les affirmations d’Audrey PULVAR, lors du congrès des CPIE, en juin, à Chinon. L’ex-animatrice de télévision, désormais présidente de la Fondation pour le Nature et l’Homme, avait en effet affirmé la nécessaire double dimension de l’Écologie : des décisions au plus haut de l’État et des actions au plus près du citoyen, rappelant que, dans le système économique actuel, les plus pauvres allaient souffrir le plus. Elle appelait ainsi à réfléchir à la construction d’un nouveau monde, moins économique, plus écologique, plus solidaire, plus coopératif.
Dans la conclusion de sa lettre, notre président écrivait que « le cœur d’un peuple est plus puissant que tous les lobbies du monde ! ». Avouons qu’il y a une bonne dose d’utopie et d’optimisme dans cette déclaration. Le 17 septembre, les députés ont finalement refusé d’inscrire dans la loi l’interdiction du glyphosate, vers 5 heures du matin dans un hémicycle déserté; pour : 35, contre 42.
L’ont-ils fait parce qu’ils pensent que c’est un produit sans risque ? N’ont-ils pas reçu le rapport des scientifiques les alertant sur la terrible augmentation du nombre de cancers frappant nos concitoyens ? Ou : Ont-ils été plus sensibles au chant des sirènes et au lobby des groupes de l’industrie de la chimie ?
Sur les réseaux sociaux circule la liste de ces députés ayant, de fait, déréglementé l’usage des pesticides. Ces élus nationaux ont pris le risque d’être montrés du doigt quand ces produits, qui polluent notre sol autant que notre sang, passeront de cancérogènes probables à cancérogènes certains. Le texte reviendra en nouvelle lecture au Sénat le 25 septembre… pourvu que ce ne soit pas la nuit et un week-end !
Je terminerai en posant une interrogation. Dans les nouveaux modèles de société qu’il faudra bien inventer un jour, quelle place reste-t-il aux lobbies ? Autrement dit : Une société coopérative, écologique et solidaire peut-elle continuer à se laisser dicter son modèle et sa conduite par les puissants, riches de leur argent, de leurs appuis, de leurs réseaux ? La démocratie représentative peut-elle se libérer du haut et regarder sa base ? Le désir de ce nouveau monde l’emportera-t-il sur les résistances aux changements présents, à tous les niveaux de la société, il est vrai.
Combien de preuves du dérèglement climatique – Nicolas Hulot parlait d’emballement – faudra-t-il pour que le cours des choses s’inverse ? L’attente citoyenne est forte…. Il faut l’entendre. A ce sujet, les CPIE ont la tête dure et de bonnes oreilles !