Peut-on parler d’ « éco lotissement » ou autrement dit affirmer qu’un « lotissement est durable » ? Intox ou réalité vraiment « soutenable » ?
Le lotissement est une opération de découpage foncier d’une propriété foncière en lots. Soit ! Jusque-là pas de problème. Le plus souvent, il s’agit d’un découpage à but « monofonctionnel » : par exemple pour des maisons d’habitations ou des activités artisanales, quand on est dans un parc d’entreprises. Pour les zones d’habitations, il se trouve que, pour des raisons essentielles d’accès aux crédits, la classe d’âge autant que la strate professionnelle est assez homogène : Des couples de 30 à 40 ans en moyenne ayant 2 salaires totalisant au moins 3 SMIC. La « mixité occupationnelle » est celle permise par le cahier des charges de cession de terrains qui interdit, le plus souvent, tout autre activité que l’habitation : point de pédicure, de coiffeur ou d’activités de bureau, pourtant bien loin d’apporter une quelconque nuisance.
Ainsi donc, sur la première cible du développement durable, pas beaucoup de mixité ni sociale ni générationnelle, ni occupationnelle.
Sur la cible environnementale maintenant : il y a eu çà et là des tentatives courageuses ou intéressantes : gestion des eaux pluviales, voies douces, espaces de rencontres, et parfois même, prise en compte des orientations pour les implantations des maisons ! C’est dire ! Mais ces efforts, pour courageux qu’ils soient, restent marginaux. Car, en même temps, apparaissent des lotissements, parfois fermés avec grille coulissante, badge et caméras, portant le doux nom de « Clos des Charmes » ou « Clos du domaine » ou « Domaine des Charmes ». Des opérations pas très durables dont le doux nom néo-rustique traduit, en réalité, l’isolement, l’absence d’espaces publics, de transport en commun … et de charmes !
Reste la cible économique. Là, on peut dire que tout va bien puisque ça se vend, jusqu’à un certain prix bien sûr : Le prix fixé par l’équilibre du bilan financier, côté aménageur, et résultant du montage de la demande de prêt, coté habitant. Les premiers lots à partir seront ceux au bout de l’impasse, autour de la « raquette camion-poubelle-parking», seul endroit où les enfants des résidents pourront s’ébattre … ou se battre entre deux bagnoles.
Alors ? Où est le problème ? Au moment où le retour à la ville est en marche, inéluctable, de même que le circuit court, à tous niveaux, synonyme de rapprochement des fonctions, des générations, on continue à aménager selon des schémas opposés, désormais d’un autre temps.
Est-ce vraiment le coût du foncier qui fait fuir les habitants des villes vers des campagnes de plus en plus lointaines et de moins en moins campagnes ? N’y aurait-il pas derrière cette fuite un certain refus de la ville ? Quelles seraient donc ces tares que porteraient nos villes pour que leurs habitants n’aient qu’une seule obsession, – en tous cas à certains âges – : la fuir ? Manque d’espaces verts ? Bruit ou nuisances ? Offre individuelle de logements insuffisante ou inadaptée ? ….
Habitants, la prochaine fois qu’on vous offre la possibilité d’habiter dans un éco-lotissement ou quelque chose qui y ressemble, soyez exigeants sur la qualité et pensez à un avenir désormais proche !